Balade nocturne

Hier soir, petite visite de nuit à la mare du verger… Lampe à la main, j’inspecte le fond de l’eau. Une drôle de bestiole, qui semble provenir du croisement improbable d’un phasme et d’une mante religieuse, fait son apparition. L’insecte aux allures de bâton est une ranâtre, une punaise aquatique munie de pattes ravisseuses. Sa taille approche quand même les 5 cm de long.

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D’autres surprises m’attendent : plusieurs nouvelles espèces sont arrivées d’elles-mêmes comme le dytique bordé, un grand scarabée aquatique ou encore l’hydromètre qui marche littéralement sur l’eau. En revanche, malgré la présence de libellules cet été (libellule déprimée et orthetrum réticulé), pas de larve d’Odonates en vue. Côté amphibiens, j’aperçois 3 grenouilles vertes et, sur la berge, super : un crapaud commun, juvénile, venu de « je ne sais où », joue les statues dans le faisceau de lumière. Peut-être viendra-t-il un jour se reproduire dans la mare ?

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Dames de nuit

Une silhouette se dessine derrière un volet : la petite pipistrelle a retrouvé son refuge après ses rondes nocturnes. En attendant de trouver un abri sûr pour hiberner cet hiver, elle choisit temporairement des gîtes dit « de transition », même dans nos maisons.

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En Lorraine, mon Papa, qui emploie son temps libre à restaurer bénévolement une fortification du système « Séré de Rivières » de 1876, nous fait visiter les lieux. Ce fort chargé d’histoire recèle aussi des espèces de chauves-souris très rares (et protégées) : quelques grands rhinolophes sont suspendus ici où là.

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On les reconnaît à leur manière de s’envelopper de leurs ailes, leur taille mais aussi à leur drôle de bidule sur le nez appelé feuille nasale. C’est un outil de haute technologie, sorte de sonar, qui émet des ultrasons. Grâce à ce système d’écholocation, la chauve-souris obtient « une image auditive » très précise de son environnement, même dans l’obscurité la plus totale !

Panique chez les pucerons

Petite trouvaille sur les épilobes qui poussent le long de notre grange : des œufs minuscules, d’un joli jaune, sont dressés les uns à côté des autres. Nathan, qui les a découvert, a l’œil ! Ils ne mesurent que deux à trois millimètres.

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À y regarder de plus près, on remarque que la plante est envahie de pucerons. Tout s’éclaire ! Une coccinelle, qui se croyait sans doute au printemps, a pondu ici. Les larves gloutonnes qui sortiront des œufs dans 5 à 10 jours — selon la température — pourront satisfaire leur appétit d’ogre. Au menu : pucerons matin, midi et soir…

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La quetsche et le papillon

La tarte aux quetsches, quel régal ! Mais nous n’avons pas tout cueilli dans le verger. Il reste quelques prunes sur les arbres qui, en pourrissant, font le bonheur de jolis vulcains. En voici un côté verso (ailes repliées)…

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C’est un grand papillon migrateur, souligné de larges traits orange, qui sera visible pratiquement jusqu’aux premières gelées dans les jardins ardennais. Il se délecte des quetsches pourries, mais aussi des pommes et des poires abîmées ou tombées au sol.

Fausses chenilles, vraies ogresses

Puisqu’il faut bien le faire, nous avons repeint nos volets à l’ombre de la haie. Soudain, Isa m’appelle et me montre des dizaines de chenilles autour des feuilles du noisetier. Quelle aubaine pour laisser de côté la peinture et troquer les pinceaux contre l’appareil photo !

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Tous ce qui ressemble à une chenille n’en est pas forcément une… Ce sont en fait des larves de tenthrèdes, de toutes petites guêpes qui n’en ont pas l’apparence. Je bouge malencontreusement la pauvre feuille à moitié rongée et voici que toutes ces fausses chenilles relèvent le bout de l’abdomen pour former un S. Une position d’alarme singulière !

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Ensemble, elles se regroupent sur le pourtour de la feuille et la dévorent presque entièrement, ne laissant qu’un squelette de nervures… Et elles sont voraces ! Ces insectes sont connus comme étant des ravageurs plutôt indésirables au jardin… Même si toutes les feuilles de l’arbuste peuvent y passer, le noisetier ne sera pas condamné à mort pour autant : il s’en remettra.

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Grenouille verte

Depuis plusieurs semaines, elle sautait dans la mare à notre approche pour se cacher au fond de l’eau mais cette fois-ci, j’ai enfin réussi à la prendre en photo!

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La grenouille verte a fait déjà plusieurs apparitions durant l’été dernier, en 2015, soit à peine deux mois après la création de la mare ! Jusqu’à présent, nous avons observé un seul individu à la fois.

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Cette année, il n’a pas beaucoup plu depuis le mois de juillet, pourtant je suis plutôt fier de constater que le niveau d’eau se maintient assez bien, même s’il a baissé un peu bien-sûr.

Punaise ! Un naufragé…

Les notonectes sont des punaises aquatiques qui ressemblent à de drôles de barques miniatures posées à l’envers sous la surface de l’eau. On peut facilement les observer dans les flaques, les étangs, les mares ou les zones calmes des rivières. Voyez leurs pattes en forme de rames.

Notonecte-stade larvaire-©David Melbeck

La mare du verger, pour sa première année d’existence, en abrite beaucoup en ce moment. Il ne fait pas bon être naufragé : la malheureuse abeille qui tente d’échapper à la noyade finie perforée par le rostre des notonectes pour être dévorée… Gloups !

Noyade abeille-© D Mellbeck

Une infernale compétition commence entre les punaises dès qu’il s’agit de s’accaparer la moindre proie.

Notonectes sur proie (abeille)-©David melbeck