Émergence: d’un monde à l’autre

Il est déjà midi passé. Dans un carré d’herbes hautes qui borde la mare du verger, une transformation spectaculaire est en train de s’opérer. Une créature a décidé de troquer sa vie aquatique contre une vie aérienne.

Métamorphose libellule - Orthétrum réticulé

Son enveloppe aux allures de petit monstre se déchire, une forme apparaît après quelques soubresauts puis pendouille la tête en bas. Plusieurs minutes passent. Soudain, dans un effort fantastique, la bête se cambre et s’extirpe toute entière de sa vieille peau.

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Immobile, l’insecte n’en est pourtant pas moins actif. Le sang qui circule dans son organisme dessine de nouveaux contours, alimentant chaque cellule et chaque nouvel organe. Des ailes se déploient, un long abdomen se déplie, d’énormes yeux à facette se colorent.

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La créature poursuit sa métamorphose cachée parmi les boutons d’or et les rhinantes. Le moment est critique, son corps est mou et ses ailes flasques sont incapables d’assurer un premier vol. Il faut encore attendre.

Métamorphose Orthetrum4-David Melbeck

Après une petite heure, l’insecte dévoile son identité: c’est une femelle d’Orthetrum réticulé, une libellule commune aux abords des mares. Bientôt, Madame s’élancera dans les airs pour trouver un endroit tranquille et éloigné de ses eaux natales. Objectif ? Entamer la dernière phase de son émergence : sécher et durcir son squelette externe à l’abri des regards et des prédateurs.

Métamorphose libellule - Orthétrum réticulé

Seule, la vieille enveloppe abandonnée restera sur place, perchée dans les herbes folles, comme trace de cet extraordinaire passage entre deux mondes.

 

Des pierres et des lézards

49e jour de confinement. Les travaux d’aménagements au jardin continuent. Nous édifions en ce moment un mur de pierres sèches le long de la mare, autant pour servir de refuge à la petite faune que pour le plaisir des yeux.

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Tandis que je positionne une nouvelle pierre, ma fille m’interpelle. Un lézard ! Incroyable, le muret n’est pas encore terminé que déjà un lézard vivipare visite les lieux. Il aplatit son corps pour l’exposer le plus possible aux rayons du soleil et ainsi se réchauffer. Drôle de galette…

Lézard vivipare heliothermie - David Melbeck

Cousin du célèbre lézard des murailles, notre visiteur préfère les endroits plus humides et ne pond pas d’œufs contrairement à la plupart de ceux de sa famille. La femelle donne ainsi naissance à 5 ou 6 petits entièrement formés (les œufs éclosant dans son ventre). Tiens, sa queue est en train de se régénérer. Sans doute l’a t’il perdue pour sauver sa vie face à un prédateur (notamment les chats du voisinage).

Lézard vivipare queue tronquée - David Melbeck

Décidément, le mur semble très attractif puisque un autre reptile squatte les pierres de construction stockées juste à côté : un très beau lézard des souches se dore la pilule, nullement gêné par nos va-et-vient. Chouette récompense, allez hop, le chantier si prometteur pour la biodiversité continue.

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(Rajout: et hop, une petite photo du muret terminé peu après !)

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