Maître renard, sur un arbre perché…

…tenait en son bec un froma… Ah, mais non ! Ce n’est pas ce que raconte la célèbre fable de La Fontaine. C’est bien le corbeau qui est dans l’arbre normalement. Pourtant cette semaine, au bord de l’Aire, nous sommes tombés nez à nez avec un goupil confortablement installé au creux d’un vieux saule.

L’après-midi commençait à peine. Notre renard était en pleine sieste à plus de 2 mètres de hauteur, couché sur un replat du tronc, profitant des bienfaits du soleil après une nuit glaciale. L’animal dormait si profondément qu’il ne s’est pas réveillé à notre approche, somme toute assez bruyante (nous discutions à haute voix avant de l’avoir repéré). Nous aurions presque pu le toucher. À moins que le rusé mammifère ne se figeait volontairement pour passer inaperçu. En tout cas, ses yeux étaient clos et son museau s’enfonçait douillettement dans son pelage.

L’installation du raton-laveur

Balade à moins de 10 km de la maison : là, au beau milieu d’un bois, près d’une ornière, des empreintes attirent mon attention. Des marques de petites mains griffues et de pattes arrières plus longues, avec les doigts arrondis, sont imprimées dans la boue. Mais oui ! Ce sont bien les traces typiques d’un raton-laveur.

Ce petit mammifère venu d’outre-Atlantique semble être à la conquête de l’Europe toute entière depuis la fin du siècle dernier. En France, il s’est échappé dès 1966 d’une base militaire de l’OTAN située en Picardie, des soldats américains l’ayant apporté comme mascotte puis vraisemblablement relâché avant de repartir. Depuis, son extension sur tout le territoire est considérable d’autant que d’autres ratons-laveurs, descendants d’animaux échappés d’élevages, franchissent les frontières depuis l’Allemagne.

Le voici ici dans un parc animalier. Il n’en reste pas moins que le raton-laveur, omnivore et très opportuniste, s’est acclimaté sans problème à la vie sauvage et à la diversité de nos paysages : campagne, forêt et même en périphérie des villes. Un nouveau venu au côté du ragondin, du rat musqué, de la tortue de Floride, de l’écrevisse de Californie et de bien d’autres encore, qui allonge la liste des animaux introduits sans que l’on sache vraiment quel sera son impact sur notre environnement.

Des pierres et des lézards

49e jour de confinement. Les travaux d’aménagements au jardin continuent. Nous édifions en ce moment un mur de pierres sèches le long de la mare, autant pour servir de refuge à la petite faune que pour le plaisir des yeux.

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Tandis que je positionne une nouvelle pierre, ma fille m’interpelle. Un lézard ! Incroyable, le muret n’est pas encore terminé que déjà un lézard vivipare visite les lieux. Il aplatit son corps pour l’exposer le plus possible aux rayons du soleil et ainsi se réchauffer. Drôle de galette…

Lézard vivipare heliothermie - David Melbeck

Cousin du célèbre lézard des murailles, notre visiteur préfère les endroits plus humides et ne pond pas d’œufs contrairement à la plupart de ceux de sa famille. La femelle donne ainsi naissance à 5 ou 6 petits entièrement formés (les œufs éclosant dans son ventre). Tiens, sa queue est en train de se régénérer. Sans doute l’a t’il perdue pour sauver sa vie face à un prédateur (notamment les chats du voisinage).

Lézard vivipare queue tronquée - David Melbeck

Décidément, le mur semble très attractif puisque un autre reptile squatte les pierres de construction stockées juste à côté : un très beau lézard des souches se dore la pilule, nullement gêné par nos va-et-vient. Chouette récompense, allez hop, le chantier si prometteur pour la biodiversité continue.

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(Rajout: et hop, une petite photo du muret terminé peu après !)

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Le serpent de verre

Orvet de face-David Melbeck

Le célèbre et inoffensif orvet est en réalité un lézard sans patte. Contrairement aux serpents, il peut faire un clin d’œil grâce à ses paupières mobiles et il a la faculté de se séparer volontairement de sa queue en cas de danger. Elle se détache si facilement qu’on le surnomme « serpent de verre ». Le phénomène ne manque pas de détourner l’attention des prédateurs, permettant ainsi au reptile de sauver le reste de sa peau !

Orvet- David Melbeck

L’orvet passe presque sa vie entière — c’est-à-dire jusqu’à 50 ans — caché dans les herbes folles, le paillis, le foin, la mousse… Pierres, planches, plaques exposées au soleil sont d’excellents refuges pour se réchauffer dessous ni vu ni connu. La période des amours a commencé en ce moment. La preuve, ce couple surpris sous une bâche anti-herbes dans notre potager. Le mâle maintient la femelle, qui elle a les flancs sombres, en la mordant. Le temps d’un clic de paparazzi et je les ai vite laissé tranquille.

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Hibernation

Ce matin, comptage des chauves-souris dans une ancienne carrière ardennaise avec une partie de l’équipe du CENCA (Conservatoire d’espaces naturels de Champagne-Ardenne). Le site est aujourd’hui protégé. Ces inventaires annuels permettent de suivre l’état des populations. Le tout, en veillant à respecter scrupuleusement le sommeil hivernal de ces petites bêtes ultra-sensibles au dérangement. On inspecte donc brièvement la moindre fissure du souterrain.

murin a moustache - david melbeck

Comme beaucoup de chauves-souris en hibernation, ce murin à moustache pris en photo à la lueur de la lampe est recouvert de fines gouttelettes de condensation. L’humidité ambiante des cavernes évite à leurs ailes de se dessécher. Côté matériel, le flash est interdit sous peine de réveiller les chiroptères. Or, un réveil de trop en plein hiver peut leur être fatal.

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Les chaussettes du renard

Beaucoup de mammifères sauvages utilisent davantage le flair et l’ouïe plutôt que la vue. Leurs yeux n’ont pas la capacité de distinguer autant de couleurs que nous, même s’ils sont plus efficaces à faible luminosité.

renard au loin-chemin-David Melbeck

Il suffit parfois d’être habillé de vêtements aux tons neutres pour les surprendre même au beau milieu d’un chemin forestier. Debout avec un vent de face, immobile et silencieux, j’ai laissé approcher ce renard en maraude jusqu’à moins de dix mètres de moi. Le temps d’admirer ses drôles de chaussettes noires ! Puis il s’est demandé ce que j’étais… Méfiant, le goupil a fini par faire demi-tour pour emprunter un autre sentier.

Renard-chemin- David Melbeck

La garde du lézard

Les fagots de branches oubliées volontairement au coin du verger depuis deux ans remplissent complétement leur rôle aujourd’hui. Un magnifique lézard des souches s’y poste régulièrement.

Lezard des souches -David Melbeck

Ses tons vert-vif ne trompent pas : c’est un mâle adulte en pleine période de reproduction. Contrairement à son cousin le lézard vert, celui-ci garde le dos marron.

Lézard des souches male repro-David Melbeck

À bien y regarder, la femelle, entièrement brune et plus camouflée, n’est pas loin. Tous les deux prennent un bain de soleil. Dans quelques jours, le couple se séparera mais pour le moment, le mâle garde jalousement sa partenaire. Pas question de laisser un autre que lui s’accoupler avec elle !

Lezard des souches femelle-David Melbeck

 

Les bonds du lièvre

Quand il est au repos, le lièvre couche ses immenses oreilles contre son corps et se plaque sur le sol. Tapis au milieu des champs, il se sait presque invisible. Combien de fois sommes-nous passés à côté de lui sans l’apercevoir ? Mais s’il considère que nous sommes trop près de son gîte, le lièvre bondit alors au dernier moment à la vitesse de l’éclair, provoquant une drôle de trouille chez le promeneur éberlué. C’est ce qui s’est passé !

Lievre fuite 2 - David melbeck

Le capucin est capable de pointes de vitesse à plus de 60 km/h et de sauts de 3,50 m de longueur, voir plus. En quelques secondes, il était déjà loin, à l’abri des regards.

Lievre fuite - David melbeck

Cantine secrète

L’automne est bien là. Nous avons recommencé à faire du feu. Il est temps de rentrer quelques stères pour l’hiver. Petite surprise au cœur du tas de bois qui sèche dehors depuis deux ans déjà : nous découvrons, caché entre deux rondins, un stock de noisettes rongées. Voici le réfectoire secret d’un petit mammifère, sans doute un mulot sylvestre.

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Les rongeurs possèdent un grand nombre d’ennemis. Fouines, buses, chats, belettes, chouettes… tous veulent en faire leur casse-croûte. Notre mulot, par ailleurs bon grimpeur, se cache donc régulièrement dans sa cantine préférée pour grignoter ses repas en toute sécurité. Les traces de dents sont bien visibles sur chaque coquille abandonnée.

Noisette rongée-David melbeck

Chauds les crapauds !

Les femelles de crapauds communs, très attendues par les mâles, sont enfin arrivées dans l’étang. Pourtant, beaucoup de célibataires sont encore à caser… Il suffit de tapoter la surface de l’eau pour que des troupes entières de mâles excités vous assaillent, même en plein jour.

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Ils sautent littéralement sur tout ce qui bouge, y compris les autres prétendants. Trop d’hormones et de précipitation peut-être ? Toujours est-il que des petits cris plaintifs indiquent tout de suite leurs erreurs aux copains…  Les assaillants n’insistent pas en général. Celui-là convoite l’appareil photo !

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Sous l’eau, les couples déjà formés ont commencé à pondre. Le mâle, monté sur le dos de sa fiancée, la maintient fermement pour ne pas se faire « piquer la place »… La pauvre devra transporter cet encombrant passager encore quelques jours.

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