Lâcher de ballons

Il y a une semaine encore, des dizaines d’argiopes fasciées tissaient leurs grandes toiles géométriques dans les herbes folles du verger. Leurs ouvrages de soie étaient alors très faciles à reconnaître car chez cette araignée, chaque artiste prend soin de signer sa toile d’une série de zigs-zags.

Le plus souvent, le bel arachnide reste planté au milieu de son piège à insectes. Un seul coup d’œil à son pyjama noir et jaune permet de comprendre d’où vient son autre nom d’argiope frelon.

Et puis ce matin, plus rien. Les argiopes ont quasiment toutes disparu ! En revanche, une multitude de petits ballons en forme de montgolfière à l’envers sont cachés ici ou là dans la prairie. Ce sont des cocons. Chaque femelle a tissé le sien pour y pondre des œufs, après quoi, elle meurt.

La prochaine génération d’argiopes passera l’hiver à l’abri, dans la soie, et n’en sortira qu’au printemps. Il faudra attendre la fin de l’été prochain pour les repérer facilement, éparpillées dans le verger, quand elles seront suffisamment grosses après leur régime estival de mouches et d’insectes en tous genres.

L’installation du raton-laveur

Balade à moins de 10 km de la maison : là, au beau milieu d’un bois, près d’une ornière, des empreintes attirent mon attention. Des marques de petites mains griffues et de pattes arrières plus longues, avec les doigts arrondis, sont imprimées dans la boue. Mais oui ! Ce sont bien les traces typiques d’un raton-laveur.

Ce petit mammifère venu d’outre-Atlantique semble être à la conquête de l’Europe toute entière depuis la fin du siècle dernier. En France, il s’est échappé dès 1966 d’une base militaire de l’OTAN située en Picardie, des soldats américains l’ayant apporté comme mascotte puis vraisemblablement relâché avant de repartir. Depuis, son extension sur tout le territoire est considérable d’autant que d’autres ratons-laveurs, descendants d’animaux échappés d’élevages, franchissent les frontières depuis l’Allemagne.

Le voici ici dans un parc animalier. Il n’en reste pas moins que le raton-laveur, omnivore et très opportuniste, s’est acclimaté sans problème à la vie sauvage et à la diversité de nos paysages : campagne, forêt et même en périphérie des villes. Un nouveau venu au côté du ragondin, du rat musqué, de la tortue de Floride, de l’écrevisse de Californie et de bien d’autres encore, qui allonge la liste des animaux introduits sans que l’on sache vraiment quel sera son impact sur notre environnement.

Fourmilières, gruyère ou créature ?

Sur le territoire de Cornay, le village voisin, d’immenses forteresses montées par les fourmis rousses sont éparpillées dans la forêt. Régulièrement, entre octobre et mai, des petits vandales forent les grandes fourmilières.

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En cette période où les insectes sont plus difficiles à trouver, le pic noir et le pic vert, deux oiseaux présents dans les bois, recherchent de nourrissantes fourmis à se mettre dans le bec. Tous deux éventrent les drôles de monticules puis utilisent leur longue langue pour engluer et capturer leurs habitants. Slurrp… Il reste de leur visite des trous béants dans les dômes, un peu comme dans un gruyère.

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Parfois, l’édifice ressemble alors à une étrange créature. Pour la génération qui se souvient des Fraggles rock, cousins des Muppets de Jim Henson, cette fourmilière-ci n’est pas sans rappeler « Germaine, la grande crado »…

Germaine la grande crado

Cerises d’automne

Les feuilles mortes tombées récemment tapissent le parterre forestier. Parfois de petites boules soudées à une feuille de chêne attirent le regard. Des œufs ? Non. Des balles ? Non. Et des pommes ? Non plus ! Pourtant certains les appellent « Pommes ou encore cerises de chêne » bien qu’elles ne soient pas comestibles. Voilà en réalité d’étranges couveuses végétales qui abritent des larves. Ce sont des galles provoquées par la piqûre d’une petite guêpe, le cynips du chêne.

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Un jour d’été, le minuscule insecte atterrit l’air de rien sur une feuille de chêne. Il injecte un œuf en plein dans une nervure. Le virus informatique est en place. À partir de ce jour, l’arbre, au lieu de suivre son développement habituel, va fabriquer en même temps que la feuille infectée une drôle de cerise de 20 mm de diamètre.

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À l’intérieur, un vermisseau boudiné commence à dévorer ni vu ni connu les cloisons végétales de sa chambre sur mesure. Un beau matin, il se métamorphose, perce sa prison et s’envole. Mais la galle, elle, reste attachée à son support et finit par tomber avec lui à l’automne.

Cantine secrète

L’automne est bien là. Nous avons recommencé à faire du feu. Il est temps de rentrer quelques stères pour l’hiver. Petite surprise au cœur du tas de bois qui sèche dehors depuis deux ans déjà : nous découvrons, caché entre deux rondins, un stock de noisettes rongées. Voici le réfectoire secret d’un petit mammifère, sans doute un mulot sylvestre.

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Les rongeurs possèdent un grand nombre d’ennemis. Fouines, buses, chats, belettes, chouettes… tous veulent en faire leur casse-croûte. Notre mulot, par ailleurs bon grimpeur, se cache donc régulièrement dans sa cantine préférée pour grignoter ses repas en toute sécurité. Les traces de dents sont bien visibles sur chaque coquille abandonnée.

Noisette rongée-David melbeck

Abeilles des fenêtres

Les osmies, ces petites abeilles solitaires qui bouchent les trous d’évacuation des fenêtres, sont en pleine activité depuis déjà plusieurs semaines. Leur métier ? Rassembler suffisamment de pollen dans un petit trou, y pondre un œuf, reboucher avec un mortier de leur fabrication puis recommencer.

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Pratiquement tous les arbres fruitiers du verger sont en fleurs à part quelques pommiers. Le travail des abeilles sauvages et domestiques va féconder chaque pistil et permettre, dans quelques mois, de récolter de savoureux fruits.

megachille - david melbeck

Paquets gélatineux

Super : les grenouilles rousses ont commencé à pondre. On distingue quelques amas d’œufs qui flottent dans les zones peu profondes des mares, des étangs et même dans certaines flaques d’eau temporaires.

Ponte grenouille rousse -David Melbeck

L’invitation est lancée : ce soir, nous avons rendez-vous. La période des amours ne dure pas longtemps : dans une à deux semaines, les grenouilles rousses reprendront leur vie terrestre, cachées dans les bois, les jardins et les haies jusqu’à l’année prochaine. Pour observer leur manège aquatique, c’est maintenant !

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Chaque femelle pond habituellement entre 500 et 1000 œufs, parfois davantage pour les plus grosses. Bien sûr, la grenouille ne possède pas un ventre aussi large que le paquet gélatineux qu’elle abandonne. Un fois libérés dans l’eau et fécondés, les œufs peuvent multiplier leur volume par 100…  De minuscules têtards en sortiront au bout de 3 à 4 semaines selon la température.

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Le lièvre et l’alphabet

Le 26-01-2017. C’est génial. Des flocons sont tombés hier. Toutes les traces des animaux s’affichent dans la couche de neige. Les allées et venues de la nuit, habituellement secrètes, sont dévoilées au petit matin : chat et souris se sont suivis sur la terrasse et, surprise, un blaireau est venu devant la maison ! Un peu plus loin, les bonds d’un lièvre sont révélés au grand jour. Il imprime toujours la même lettre.

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La piste, qui forme une succession de « Y », va droit dans les champs. Tenez-vous bien : comme le lièvre se déplace toujours en sautant, les pattes arrière marquent devant et les pattes avant, derrière…

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Pic ou voyou

Le thermomètre a affiché – 8 °C ce matin. Des coups saccadés résonnent en face de la maison. Curieux, je m’approche… Voilà qu’un pic vert joue du marteau piqueur sur une des ruches voisines. Surpris, le vandale prend ses ailes à son cou ! Les abeilles bourdonnent bruyamment. Le cadre en bois est perforé. Le pic cherchait sans doute à lécher le miel et à engloutir quelques abeilles en ces temps difficiles.

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La taupinière qui bougeait toute seule…

Observation amusante aujourd’hui : plusieurs petits tas de terre fraîche qui tranchaient avec le vert de la prairie ont attiré notre attention. Nous nous approchons pour les examiner quand soudain une des taupinières se met à bouger.

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En dessous, une courageuse taupe, à l’abri dans sa galerie, était visiblement en train d’excaver les déblais de son chantier…  C’est que 250 m de tunnels à entretenir, c’est du boulot ! Si le petit mammifère distingue à peine le jour de la nuit, il n’est pas sourd pour autant. Le cri de stupeur d’Isa a sans doute retardé ses travaux…